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 L'ange

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Nathalie

Nathalie


Nombre de messages : 19
Age : 39
Date d'inscription : 23/07/2008

L'ange Empty
MessageSujet: L'ange   L'ange Icon_minitimeJeu 31 Juil - 0:00

Les nuages parsemaient l’azur de leur voilage dentelé et le soleil s’obstinait à percer la terre de quelques rayons téméraires. Le vent organisait, en catimini, un ballet de feuilles mortes aux couleurs chatoyantes. Contraste saisissant entre la prestance silencieuse de la nature et la masse dérangeante, grouillante et suppurante d’une foule dont les propos se heurtent, se froissent, se chevauchent et se délaissent sans jamais se comprendre.
Et un ange, à la frontière des deux univers, baignée dans un rayon subjugué par sa fragilité, souillée par ces regards avides de la moindre trace d’humanité. Ils se cherchent, dans chacun de ses traits, dans ses cheveux blonds saupoudrés de lumière, dans ses yeux de jais au regard dur comme le marbre. Ils attendent comme autant de vautours, que son visage figé dans un suaire d’impassibilité, se fendille, qu’elle tombe dans leurs vices, qu’elle leur devienne accessible.

Dans le froufrou de sa robe blanche, dans le crissement doux de ses dentelles, dans les vagues qu’un vent amoureux imprime sur le satin de sa jupe, elle avance lentement, comme on flotte sur les souvenirs, comme on boit un bon vin, elle a l’éternité devant elle.

Et devant l’éternité, l’homme ne peut que s’incliner, et se laisser gagner par le silence d’un infini qui lui reste à jamais inaccessible.

Quelques lumières bleues et rouges essaient encore, vainement, de la détourner de son chemin, mais l’être tombé du Paradis suit la route que le destin lui a tracée, dans un silence qui s’étend autour d’elle avec la douceur d’un matin d’été. Les lumières rendent les armes, et coulent, silencieuses, sur l’étoffe nacrée pour s’écraser au sol dans une défaite encore humide de rosée.

Devant tant de douceur, devant son image presque floue tant elle est fragile, devant son âme qui coule à travers ses voilages, ils ne peuvent que s’écarter avec le respect qu’on offre à l’étrange, à l’incompréhensible, à la beauté douloureuse.

Ses pas persévèrent jusqu’à fouler le bitume sépulcral, terminés les froufrous qui glissent sur le silence, remplacés par un léger claquement, presqu’inaudible mais régulier comme le métronome, précis comme le temps qui englouti la vie, sans remord, sans regard en arrière, elle avance.

Elle avance quand ils reculent, quand ils s’empêtrent dans leurs mots prononcés à quart-voix, quand ils se perdent en œillades furtivement horrifiées de l’impassibilité permanente de son regard. Est-elle d’un marbre inconnu, cette statue inébranlable qui fend leurs rangs hétéroclites ? De pierre ou de chair ? Est-elle la forteresse qui recueille le malheur des hommes sans jamais dévier de son chemin de croix ?

Sans avoir jamais posé son regard sur les inconnus qui parsèment sa route, elle arrive à son but, un bouquet de lys serré entre ses doigts fins et piquants comme des aiguilles. Là, seulement, elle baisse les yeux pour observer le pantin désarticulé qui a terminé sa course sur le sol noir d’un monde gris. Elle se penche, juste un peu, caresse sa joue tiède, dépose un baiser sur ses lèvres dont le dernier souffle se meurt, et dépose ses fleurs contre son cœur auquel elle imprime un ultime battement. La pluie vient poser un baiser humide et amer sur l’assistance tourmentée par tant de calme. L’ange fait demi tour, et ceux qui ont remarqué que les étoiles qu’elle gardait dans son cœur coulent à présent sur ses joues savent qu’elle n’est pas de pierre, qu’elle n’est qu’une âme prêtée aux humains pour en souffrir tous les maux.

La mariée est en deuil, et le monde est en larmes.
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